Le télétravail s’est considérablement développé à la suite de la pandémie de Covid-19 et devrait rester une pratique courante à l’avenir. Ses effets sur la productivité des entreprises font l’objet d’un débat, mais la littérature économique souligne la nécessité d’une préparation appropriée pour en tirer pleinement parti. Diverses études ont examiné les effets du télétravail sur la productivité, avec des résultats contrastés. Certaines recherches, comme celle de Bloom et al. (2015), ont montré que les télétravailleurs étaient nettement plus productifs, avec des gains de productivité de l’ordre de 20 %. Cependant, d’autres études, comme celle de Morikawa (2020), ont révélé une baisse de la productivité d’environ 40 % en cas de passage soudain au télétravail sans préparation adéquate.
Il est important de noter que ces évaluations contradictoires sont difficiles à comparer en raison des différences de contexte, d’activité, de qualification et de pays. Néanmoins, elles mettent en évidence un enseignement commun : les effets positifs du télétravail sur la productivité dépendent de plusieurs facteurs. Il est essentiel que les travailleurs et la direction s’engagent en faveur de cette forme de travail, que toutes les personnes concernées soient préparées et formées, et que l’équipement et l’environnement du travail à domicile soient appropriés. La réduction des interactions entre collègues peut limiter le flux d’informations au sein de la sphère professionnelle, ce qui peut nuire à la productivité. Selon une analyse de l’OCDE (2020), la relation entre les gains de performance et l’intensité du télétravail suit une courbe en U inversé, la combinaison optimale dépendant de l’activité.
D’autres facteurs tels que la taille de l’entreprise et la nature des tâches effectuées peuvent également influencer l’impact du télétravail sur la productivité. Par exemple, l’effet peut différer selon que les tâches sont créatives ou répétitives. En outre, il est difficile d’évaluer avec précision l’effet du télétravail sur la productivité en raison des nombreux biais de sélection liés au fait que les travailleurs qui sont préparés à travailler à domicile sont généralement plus motivés, font plus d’efforts et sont plus performants. Pendant les internements de 2020, le passage au télétravail s’est souvent fait dans des conditions défavorables, ce qui a limité les effets positifs sur la productivité. Cela s’est fait sans consultation, sans équipement approprié et sans préparation ou formation préalable des travailleurs et de leurs responsables.
En outre, l’environnement peut ne pas avoir été propice à un travail efficace, notamment en présence d’enfants lorsque les établissements scolaires étaient fermés. Plusieurs mécanismes peuvent expliquer les effets positifs du télétravail sur la productivité. Il s’agit notamment d’une plus grande motivation due à la flexibilité et à l’autonomie accordées aux télétravailleurs dans le choix de leur lieu de travail et dans l’organisation de leur vie professionnelle et personnelle. Le temps gagné en évitant les déplacements peut également contribuer à une augmentation apparente de la productivité. En outre, la réduction des réunions non essentielles et des distractions peut améliorer l’efficacité des télétravailleurs. Enfin, le télétravail peut contribuer à accélérer la numérisation de l’économie et l’utilisation des technologies numériques, ce qui peut entraîner des gains de productivité à plus long terme. La France connaît une baisse de la productivité apparente du travail, mesurée en rapportant la création de richesse (PIB) en volume au nombre de salariés ou au volume d’heures travaillées.
Toutefois, il est important de noter que cette baisse n’est pas observée si la production est mesurée en termes de chiffre d’affaires plutôt que de valeur ajoutée. La productivité apparente du travail est considérée comme un indicateur du fait qu’il faut moins de travail pour produire la même richesse. Cependant, cette mesure ne tient pas compte de la manière dont ces gains de productivité sont réalisés. Ils peuvent résulter d’une utilisation plus intensive de la main-d’œuvre, avec une détérioration des conditions de vie et de travail des salariés, plutôt que d’une amélioration de l’efficacité des technologies ou de l’organisation de la production. Il faut également noter que les niveaux de productivité du travail en France sont parmi les plus élevés au monde, ce qui n’empêche pas les difficultés économiques et les problèmes de compétitivité, comme le montre le déficit commercial record enregistré en 2022. En Allemagne, la productivité apparente du travail est plus faible, mais la productivité apparente du capital est plus élevée, ce qui permet au capital allemand d’obtenir un taux de profit plus élevé sans écraser complètement le travail vivant et les travailleurs. Les statistiques montrent également une baisse de l’efficacité du capital fixe en France, indiquant que la valeur ajoutée générée par chaque unité d’investissement tend à diminuer.
Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer la baisse récente de la productivité apparente du travail en France : le “cycle de productivité” lié à la reprise économique, les changements dans la composition de l’emploi avec l’augmentation de l’apprentissage et de l’alternance, l’augmentation des arrêts maladie suite à la pandémie, et les politiques de réduction du coût du travail. En résumé, les statistiques indiquent une baisse de la productivité apparente du travail en France, ce qui soulève des inquiétudes quant à l’efficacité économique et à la compétitivité. Cependant, il est important d’analyser les causes de cette baisse et de prendre en compte d’autres aspects de la productivité, tels que la productivité du capital et l’utilisation des équipements, afin d’obtenir une image plus complète de la situation économique.