Le monde du travail subit une profonde transformation sous l’effet d’une confluence de facteurs, notamment les progrès technologiques, la mondialisation et les effets durables de la pandémie de COVID-19. Ces changements ont bouleversé les notions traditionnelles de travail rémunéré, brouillé les frontières entre les responsabilités professionnelles et la vie familiale, et créé un environnement commercial très incertain.
Progrès technologiques :
La technologie a été l’un des principaux moteurs du changement dans le monde du travail. L’essor de l’automatisation, de l’intelligence artificielle et de la numérisation des processus de travail a remodelé les industries et les rôles professionnels. Par exemple, l’automatisation et l’IA ont permis d’accroître la productivité dans des secteurs tels que l’industrie manufacturière, mais elles ont également suscité des inquiétudes quant au déplacement des emplois. Les données du Forum économique mondial suggèrent que d’ici 2025, plus de la moitié de toutes les tâches actuelles sur le lieu de travail seront effectuées par des machines. Ce phénomène modifie fondamentalement la nature du travail, de nombreux employés devant s’adapter à de nouveaux ensembles de compétences.
La pandémie de COVID-19 :
La pandémie de COVID-19, véritable crise mondiale, a accéléré les changements dans le monde du travail. Les fermetures d’entreprises et les mesures de distanciation sociale ont entraîné un passage rapide au travail à distance, révélant la capacité de nombreux emplois à être effectués en dehors des bureaux traditionnels. Le travail à distance a offert des avantages tels que la flexibilité et la réduction du temps de trajet, mais il a également brouillé les frontières entre le travail et la vie personnelle, suscitant des inquiétudes quant à l’épuisement professionnel. Les données du Pew Research Center montrent qu’en juin 2020, 71 % des travailleurs américains travaillaient à domicile, ce qui témoigne de l’ampleur de cette transformation.
L’évolution des normes sociales :
L’évolution des normes sociales a eu un impact considérable sur le monde du travail. L’attention croissante portée aux inégalités entre les sexes et les Premières nations au sein de la population active a donné lieu à des discussions sur l’égalité de rémunération, de représentation et d’opportunités. Selon les données du Global Gender Gap Report 2021 du Forum économique mondial, la parité entre les sexes ne sera pas atteinte avant 135,6 ans, ce qui met en évidence la persistance des disparités. Il est essentiel de s’attaquer à ces inégalités pour créer un environnement de travail plus inclusif et plus équitable.
Le changement climatique :
Le changement climatique représente un double défi pour le monde du travail. D’une part, le besoin de durabilité a stimulé l’innovation et la création d’emplois dans les énergies renouvelables et les technologies vertes. D’autre part, il a également entraîné des perturbations dans des secteurs tels que l’agriculture, la pêche et le tourisme en raison de phénomènes météorologiques extrêmes et de la dégradation de l’environnement. Les données de l’Organisation internationale du travail (OIT) suggèrent que les changements environnementaux pourraient entraîner le déplacement de plus de 80 millions d’emplois d’ici 2030, avec des effets néfastes sur les communautés vulnérables.
Le numéro spécial : “Un travail pas comme les autres” :
Le numéro spécial dont il est question dans l’article se concentre sur le thème du “travail pas comme d’habitude”. Il explore l’impact de la pandémie de COVID-19 et d’autres facteurs de transformation sur les modèles de travail, les relations industrielles et les réponses organisationnelles. Les articles de ce numéro proposent des analyses approfondies et des études de cas sur divers aspects de ces changements. Par exemple, la recherche de Sara Tödt, Carla Chan Unger, Ema Moolchand et Shelley Marshall sur l’industrie du nettoyage commercial souligne la nécessité de politiques qui donnent la priorité à la résilience des travailleurs. Cette recherche souligne l’importance du bien-être des travailleurs face aux défis extérieurs.
De même, la recherche de Katherine McFarlane sur les droits syndicaux en Australie met en lumière les défis auxquels les syndicats sont confrontés pour s’adapter au travail à distance et aux nouvelles mesures de sécurité, soulignant ainsi la nécessité d’adapter les pratiques syndicales à l’évolution des conditions.
L’étude de Jim Arrowsmith et Jane Parker sur l’augmentation du salaire minimum en Nouvelle-Zélande analyse l’impact de ces politiques sur les employeurs et les employés, démontrant l’interaction complexe entre les réglementations et le marché du travail.
Le monde du travail est en pleine mutation, caractérisé par des défis et des opportunités en constante évolution. Les auteurs soulignent la nécessité de politiques et de pratiques qui donnent la priorité au bien-être des travailleurs, à l’égalité et à la résilience en ces temps de changement. En résumé, le monde du travail connaît des bouleversements sismiques et il est impératif que les gouvernements, les organisations et les travailleurs s’adaptent à ce nouveau paysage. Les perspectives fondées sur les données et l’analyse théorique fournissent des orientations essentielles à cet égard.